The Last of Us : Une adaptation réussie

Amorcée dès 2014, la production d’une série ou film The Last of Us fut tumultueuse : production et réalisation par Sam Raimi, abandon du projet, reprise du projet par le créateur de la série Chernobyl en 2019, et enfin concrétisation de la série en janvier 2023. Adaptation du jeu éponyme The Last of Us, la série avait pour mission de mettre en scène ce qui est considéré comme l’un des meilleurs jeux de l’histoire.

Mission complexe, tant les adaptations de jeux vidéo furent souvent ratées comme le démontre la saga Resident Evil, réalisée par Paul W.S Anderson, ou encore Uncharted avec Tom Holland qui est aussi adapté du jeu éponyme créée par les développeurs de The Last of Us. Comme quoi, le talent ne s’achète pas. Pourtant, les nouvelles précédant la diffusion de la série avaient de quoi rassurer : une production par HBO qui est réputée pour produire les meilleures séries, un casting mené par Pedro Pascal l’un des acteurs les plus hype du moment, et une réalisation par Craig Mazin, créateur de la série Tchernobyl qui fut unanimement acclamée. Réussite ? Flop ? Voilà le grand débrief de la série !

Et pour y répondre de manière instantanée : The Last of Us est une grande réussite. En tous points ou presque. Découpée en 9 épisodes, la série parvient de manière condensée (entre 9h et 10h pour la série contre 25h pour le jeu) à raconter l’histoire et le périple de Joel et Ellie à travers les Etats-Unis, et à capter toutes les nuances de leur relation qui était présentée dans le jeu vidéo en 2011. Présentée comme un road movie mais en série, le rythme est marqué par les rencontres des deux protagonistes avec différents personnages qui changeront leur vision d’un monde détruit par un virus il y a déjà 20 ans.

La série laisse énormément de place aux interactions entre les acteurs plutôt qu’aux scènes d’action, ce qui peut sembler déroutant en voyant la série dans son intégralité. Mais c’est cet aspect là qui est la force de la série et sa plus grande réussite : quand le jeu vidéo était présenté comme un jeu de zombies avec donc son lot d’actions, The Last of Us de Craig Mazin décide d’en extraire toute la tragédie et la complexité, quitte à laisser sur le bord de la route l’action démentielle qui était présente dans le jeu vidéo. Une adaptation qui est donc fidèle, le vrai sens de l’œuvre originelle se trouvant dans ses deux personnages principaux plutôt qu’au simple fait qu’il y ait des zombies à abattre. Parti pris radical mais qui fonctionne tant Joel et Ellie s’en retrouvent avec plus de complexités, plus de nuances, et qui renforce l’alchimie des deux à l’écran.

En parlant des deux protagonistes, difficile de ne pas évoquer les deux acteurs. Pedro Pascal (Joël) et Bella Ramsey (Ellie) ont une super dynamique de duo au cœur de ce monde de zombies et de clickers. Le socle de The Last of Us repose sur une performance qui satisfera amplement les fans. Pascal interprète Joël, un personnage distant, rigide mais surtout blindé. Si les épisodes qui suivent le terrible drame du premier ne montrent aucune once de la sensibilité de Joël, les retrouvailles avec son frère font ressortir des émotions enfouies et refoulées pendant 20 ans. L’indécision, les confusions, le mal-être du protagoniste remplacent la figure entêtée et aguerrie qu’il se borne à montrer. Pascal expose la douleur d’une cicatrice qui s’ouvre et la faiblesse d’un père qui fut. Ramsey quant à elle, fait le blend réussi d’une Ellie esseulée et téméraire. Loin de la fillette traînée dans tout le pays, elle se démène pour survivre et se bat contre des antagonistes meurtriers, tout en apportant une bonne humeur nécessaire à la série. Elle symbolise l’espoir. L’épisode 8 témoigne de sa performance, la mort du révérend sous les propres mains de Ellie se conclut avec l’interprétation sidérante de Ramsey. Le spectateur est à la place du révérend, chaque coup que lui assène la gamine est un coup porté par le talent de Ramsey.

Enfin, il est obligatoire d’analyser The Last of Us par le prisme de son rythme. Nombreuses sont les adaptations qui se retrouvèrent piégées par le jeu original, on pensera notamment au Silent Hill de Christophe Gans sorti en 2006 : la protagoniste dans le film avance tout au long du récit comme par niveau, trouvant un artefact toutes les dix minutes lui permettant d’arriver à une sorte de « boss final », donnant l’impression de jouer à un jeu vidéo mais avec des acteurs. The Last of Us n’est pas tant piégée à cause du jeu vidéo mais surtout à cause du rythme qu’impose la structure d’un road movie. La trame de la série est comprise assez rapidement : chaque épisode sera marqué par un nouveau lieu et une nouvelle rencontre, donnant parfois l’impression que la série est répétitive. Tout ne peut pas être parfait malheureusement.

En conclusion, The Last of Us est une grande réussite qui saura satisfaire les fans du jeu et ceux qui découvrent l’histoire, mais surtout donne espoir aux fans de jeu vidéo de voir leurs œuvres favorites être adaptées de manières convaincantes et avec envie de bien faire, et pas par simple volonté pécuniaire.

Lucas Bouchara & Sarah Brugnon

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s