Lecture 3 min. Cet article contient des spoilers.
Le 22 décembre dernier sortait le second volet des aventures d’Emily dans Paris et, comme la saison 1, celui-ci semble d’ores et déjà faire couler beaucoup d’encre. En l’espace de vingt-quatre heures, la série avait déjà atteint le top dix Netflix France. Deux grandes questions se posent alors : qu’en est-il de la vie sentimentale d’Emily ? La saison deux a-t-elle enfin réussi à conquérir le cœur des Français, restés dubitatifs face aux dix premiers épisodes sortis sur Netflix en Octobre 2020 ?

Après avoir embêté le quartier latin pendant le tournage, tout le monde espérait une série moins clichée. Le « Paris » est-il alors réussi ?
Certaines incohérences persistent. La chambre de bonne est toujours ce qu’elle était. L’appropriation de l’espace public est toujours plus insolite. Les relations inappropriées se suivent et se ressemblent toutes. Emily n’a toujours pas perdu son pouvoir magique de téléportation autour de la rive gauche parisienne. Ajoutez désormais aux défauts de la première saison les tentatives, plus que ratées, de réponse aux critiques qui avaient envahi la presse l’année passée.

Toujours aussi décalée, Emily in Paris semble, dès les premiers instants, foncer directement dans un mur (au sens propre comme au sens figuré). Les changements intempestifs de langue en plein milieu d’une phrase pèsent rapidement. Si le franglais devait être privilégié, il s’agirait cependant d’arrêter de faire parler anglais deux Français qui discutent ensemble.
Toutefois, Darren Star, le créateur de la série, n’a pas eu faux sur toute la ligne. On appréciera la plastique de rêve du casting ainsi que les jolis plans de notre belle capitale. Les Parisiens se reconnaîtront aussi dans ce Paris estival, sans climatisation et face à une pénurie de ventilateurs.
Certains épisodes amènent même à se demander si Emily ne deviendrait pas un peu parisienne. Surtout à l’occasion de l’arrivée de Madeline, la boss d’Emily qui, avec ses gros sabots et ses tenues hideuses, incarne le cliché de l’Américaine au management bienveillant et aux principes complètement déconnectés de la réalité. Finalement, le coup de génie est d’avoir introduit un personnage tellement détestable qu’Emily en devient vraiment appréciable.

SPOILER :
Grâce à la perfide Albion, incarnée par Alfie (Lucien Laviscount), le beau Paris d’Emily se déconstruit peu à peu (et pas pour le pire cette fois-ci). On découvre par exemple le quartier de la Défense à l’occasion de l’apparition d’un nouveau triangle amoureux autour de notre chère Emily nationale.
FIN SPOILER

Les airs exaspérants de « Madame je-sais-tout » d’Emily s’effacent progressivement et l’opposition entre les gentils Américains, rigoureux, polis, travailleurs, et les méchants Français, paresseux, rudes, libertins et tire-au-flanc s’atténue. On retrouve alors Paris, ses cyclistes en colère, la place des Vosges en été, la dame pipi…
Darren Star a voulu rendre plus française la série mais chassez le naturel et il revient au galop, n’est-ce pas ?
Il ont notamment osé mettre un mime à Paris (qui a déjà vu un mime dans Paris ?). Et si ce n’était que cela… Ne nous lançons pas dans un commentaire sur l’accoutrement d’Emily. Sans oublier les placements de produits trop fréquents et les quelques scènes complètement loufoques et incongrues qui parsèment cette nouvelle saison.

Enfin, ceux qui à travers la saison une, malgré les nombreux clichés, se reconnaissaient à travers l’expérience d’Emily, soulignent désormais qu’à vouloir faire « plus français » les Américains ont tout raté. Parce que oui, dans la saison deux, terminée la touchante naïveté de l’Américaine fraîchement arrivée à Paris. Le charme s’est tout simplement envolé. Quant aux Français, il ne s’agit même plus de rire jaune, on ne rit plus.
Malgré une saison deux décevante, la série a néanmoins l’avantage d’être légère et de transporter en l’espace d’un instant dans un monde loin de toute cohérence.
Manon Videau