Nouvelle semaine, nouvelles sorties françaises au cinéma. A l’affiche, Dany Boon, avec son sourire à la Danny Brillant, qui essaie de conquérir Charlotte Gainsbourg. On passera volontiers à côté. On peut alors décider d’aller voir Les 3 Mousquetaires, film gélatineux et filmé à la bougie sur 3 acteurs surpayés pour se battre à la petite épée. Un peu d’originalité s’il-vous-plaît ? Sous quelle forme me répondra-t-on ? Sous la forme de ce formidable premier film : Chien de la casse.

On quitte la capitale, enfin. Au revoir Paris, on préfère filmer la région. Dans l’Hérault, Malabar le chien et son maître, Antoine (interprété par Raphaël Quenard), se baladent, frappent aux portes, rendent des services. Antoine a un frère de cœur, surnommé Dog, interprété par Anthony Bajon. Plus petit, plus fragile, plus silencieux, il sait ne rien savoir sur rien, à commencer par la localisation du Québec (au Canada ? Vraiment ?)
Ce que le réalisateur propose, c’est une histoire d’une grande humanité. Raphaël Quenard est une révélation, il crève l’écran. La bonté incarnée, le verbe facile malgré une diction enrhumée, il débite des citations de Montaigne comme des petits pains sortant du four. L’amour qu’il a pour son chien est d’une beauté inouïe. Malheureux sont ceux qui considèrent les animaux comme des êtres inférieurs. Malabar, le chien, mérite aussi un prix d’interprétation. Avec Quenard, on pense à Rocky, à un être au grand cœur, profondément sympathique et candide, rêvant d’ailleurs, avec sa part d’ombre qu’il essaie de dissimuler. Il aime son frère, Dog, qui s’éloigne de lui à mesure qu’une nouvelle fille arrive au village. Jaloux non, ce n’est pas le genre d’Antoine. Il est cependant nostalgique d’une ère durant laquelle il ne faisait qu’un avec son frère, Anthony Bajon, qui comme toujours excelle.

Les dialogues sont des claques. A bas les envolées lyriques de certains scénaristes, à la plume baveuse. Ici, tout est juste, rien ne sonne faux (sauf pour les allergiques aux accents régionaux). La caméra est toujours à sa place. Les scènes d’intimité, d’action (et oui, il y en a…) et du quotidien sont quasi-documentaires. La musique souligne le tout avec une grande candeur et finesse.
Il faut alors soutenir ce premier film qui n’est pas passé par les cases habituelles qui auraient permis de le mettre en lumière (Un certain regard…). Ce Chien de la casse a de la classe, une aura, la saveur d’une première production qui émeut sans en faire trop. Ça y est. Un nouvel artiste est arrivé.
Max Mességué