La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé : le pari série réussi de Dolan

Trois ans après Mathias et Maxime, nous avions hâte de retrouver le jeune prodige Xavier Dolan dans nos salles obscures. Pourtant c’est sur le petit écran que nous l’avons redécouvert en ce début d’année. En effet, le québécois s’essaie à un nouveau format, celui de la mini-série. Après l’adaptation de Tom à la ferme en 2014, le réalisateur s’attaque à La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé du dramaturge Michel Marc Bouchard. 

C’est dans un registre habituel que nous retrouvons Dolan, celui du drame familial. Après avoir exploré les relations mère-fils dans Mommy ou J’ai tué ma mère, la série ausculte avec précision les relations entre quatre frères et sœurs suite au décès de leur mère, la spectaculaire Anne Dorval. Pourtant c’est un récit plus complexe, plus transversal que Dolan aborde ici. Nous sommes tout d’abord transportés dans les années 90 où nous suivons l’adolescence de Mireille, Julien et leur ami Laurier Gaudreault. Jusqu’à ce qu’un événement traumatique vienne bouleverser la structure familiale des Larouche. La famille devient alors complètement dysfonctionnelle jusqu’au départ de Mireille, le souffre douleur de son grand frère Julien. Puis nous atterrissons 30 ans plus tard, au moment des retrouvailles douloureuses des quatre adultes au chevet de leur mère. 

On reconnaît la signature de Xavier Dolan dans la complexité du récit et de celle de ses personnages. La culpabilité et les mensonges rythment avec brio chaque épisode. Pourtant rien n’est prévisible, tel un thriller, Dolan ne cesse de nous surprendre. Jusqu’au dernier épisode où le mystère subsiste, le spectateur ne peut expliquer ce que Laurier Gaudreault a (véritablement ?) fait cette nuit de 1991. 

Son traitement des liens familiaux est toujours aussi juste. Aucun personnage n’est manichéen, nous pouvons facilement y retrouver des membres de notre propre famille. La force du récit repose sur des dialogues performants mais violents, qu’on oserait à peine imaginer écrire. Les liens intra-familiaux sont poussés à leur extrême, offrant des moments d’une cruauté rare que le réalisateur réussit parfaitement à retranscrire. Les personnages sont construits avec tant de précision qu’il est impossible de ne pas s’attacher, notamment grâce aux prestations renversantes de Julie LeBreton (Mireille Larouche) et Magalie Lépine-Blondeau (Chantal Gladu). 

Au sommet de son art, on espère que cette mini-série truffée des meilleures qualités du réalisateur ne marquera pas la fin de sa carrière, maintenant qu’il a réussi à tuer sa mère…
Accompagnés de la musique envoûtante de Hans Zimmer et de la justesse scénaristique de Dolan, vous devriez passer un moment inoubliable devant « La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé ». 

Gloria Gallego

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