Le cinéma donne souvent l’impression qu’une histoire d’amour doit être tragique pour mériter d’être regardée, mais il arrive parfois qu’on préfère regarder un film qui nous donnera foi en l’amour et en la bonté humaine. Quoi de mieux pour ça que la multitude d’adaptations au cinéma des romans de Jane Austen ? Romancière anglaise du XIXème, elle vous transporte dans la sphère aristocratique de son époque, aux côtés d’héroïnes aux personnalités fortes en quête d’identité et de romantisme. L’œuvre d’Austen a été adaptée en plus d’une dizaine de mini-séries et de films, tous dotés de leur touche d’humour et d’une fin réconfortante. Mais attention, toute adaptation n’est pas bonne à prendre comme on a pu le constater avec le tout dernier Persuasion de Netflix. Si vous êtes un éternel romantique, voici un classement qui vous permettra de naviguer parmi les meilleurs films inspirés des romans de Jane Austen.
5 – Mansfield Park, 1999.

Alors qu’elle était enfant, Fanny a été envoyée par sa mère vivre chez ses cousins dans l’espoir qu’elle y reçoive une éducation correcte. Cette adaptation s’éloigne de l’œuvre originale pour en proposer une interprétation plus moderne et rafraîchissante. Fanny devient une jeune femme passionnée par l’écriture et la rhétorique dont la personnalité et les mots se confondent parfois avec ceux d’Austen elle-même. Elle est la narratrice de sa propre histoire et y intègre des problématiques telles que l’abolition de l’esclavage et le concept de la femme-objet. L’ambiance intimiste du film permet d’assister aux confidences qu’une jeune femme fait à son journal au sujet de ses ambitions et de ses sentiments, déchirés entre un noble dandy et un pasteur.
Du fait de la liberté prise par la scénariste, Mansfield Park n’est pas l’adaptation préférée des fans d’Austen, mais cette originalité est l’essence de son charme.
4 – Raison et sentiments, 1995.

Suite à la mort de leur père, trois sœurs et leur mère se retrouvent dans une position défavorable. Dans cette situation la seule solution qui s’offre aux femmes de cette l’époque est le mariage. Mais Elinor, l’aînée est éperdument amoureuse d’un homme hors de sa portée ; Marianne, la cadette est trop intrépide et s’attache au premier aventurier venu ; et Margaret, la benjamine est trop jeune pour se marier. Ce premier roman d’Austen semble s’engager sur un chemin plus tragique que les suivants, mais l’adaptation d’Ang Lee réussit à en faire l’archétype du film sentimental dans lequel “tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes”.
Fresque pittoresque à l’eau de rose, il suit deux histoires d’amour qui se déroulent en parallèle et à des rythmes opposés. Celle d’Elinor est timide : amoureuse d’un Hugh Grant si gentil qu’il en devient presque benêt et qui ploie sous les attentes de la société liées à son rang. Celle de Marianne, jouée par une Kate Winslet tout juste âgée de 20 ans, va dans tous les sens à toute allure et se heurte à un ténébreux, mais tendre, Alan Rickman. Il est impossible de passer un mauvais moment devant ce film, et c’est sûrement ce qui lui a valu l’Ours d’or du meilleur film 1996 et l’Oscar du meilleur scénario adapté.
3 – Clueless, 1995.

Dans l’optique de plaire à tous les types de romantiques, Clueless, une adaptation d’Austen qui n’est pas un film historique se hisse à la troisième place de ce top.
Clueless est assurément un des meilleurs teen movies jamais réalisés et n’a presque plus besoin d’être présenté. Comme Emma, dont elle est inspirée, Cheryl a le même caractère de jeune fille belle, riche et populaire. Sa superficialité s’incarne dans sa garde-robe de poupée Barbie, emblématique des années 90. Pour prouver à son demi-frère qu’elle n’est pas juste niaise et oisive, elle tente de jouer les entremetteuses et de faire tomber amoureux deux professeurs de son lycée. Clueless pousse les traits de caractère d’Emma à l’extrême, en présentant une Cheryl victime du stéréotype de la blonde écervelée qui n’en demeure pas moins généreuse et attachante. C’est ce cocktail, ajouté à sa musique pop et son glamour, qui fait de Clueless un film culte en matière de premiers émois adolescents.
2 – Emma, 2020.

En donnant à son roman le prénom de son héroïne, Jane Austen laisse présager son petit côté égocentrique. Jeune, riche et jolie, Emma semble vouée à être superficielle. Mais elle est foncièrement gentille, à la manière dont les gens riches sont gentils, même si parfois trop condescendants. Sa passion, qui est de jouer les entremetteuses, est l’occasion parfaite pour se distraire tout en se mêlant de la vie des gens. Seulement, il paraît évident qu’un jour viendra où son propre cœur se mettra en travers de ses affaires.
Autumn de Wilde saisit parfaitement le style d’Austen qui se rit de ses personnages trop fantasques pour leur propre bien. Anya Taylor Joy est attendrissante dans le rôle de la jeune et belle Emma, accompagnée de sa naïve acolyte incarnée par Mia Goth. Contrairement à Elizabeth dans Orgueil et préjugés, Emma est de ses héroïnes qui rentrent parfaitement dans les clous, et ce film est à son image. Avec un visuel à la Wes Anderson, alliage de symétrie et de pastels, il vous plonge dans une histoire d’amour qui satisfait vos yeux comme votre cœur.
1 – Orgueil et préjugés, 2005.

Classique de la littérature anglaise, Orgueil et préjugés suit les mésaventures de la famille Bennet, en particulier de la seconde des cinq filles, Elizabeth. Lors d’un bal, elle rencontre l’homme le plus arrogant de sa vie : Darcy. On pourrait croire que Orgueil et préjugés est une histoire d’amour d’ennemis à amants, mais c’est davantage le récit d’une tension entre deux caractères opposés. Darcy, réservé et pompeux, dédaigne. Lizzie, gaie et spontanée, se moque. Tous les deux s’observent de loin, sans vouloir se l’avouer, par fierté. Et la fierté dans ce récit, alimentée par la différence de classe sociale, a quelque chose de profondément touchant parce qu’elle est intimement humaine.
Dans l’adaptation de 2005, l’alchimie entre Keira Knightley et Matthew Macfadyen est à vous faire agripper les accoudoirs de votre fauteuil pendant deux heures. Les jeux de regard sont empreints d’une tendresse qui n’a pas besoin de mots pour être communiquée, et le langage corporel transmet plus que n’importe quelle déclaration. Mais, puisqu’on aime les déclarations passionnelles, Orgueil et préjugés en contient deux exceptionnelles pour le prix d’une et mérite amplement la première place de ce top.
Ayidé Dagba.