Babylon – Contre critique aux critiques

        Les critiques sont tombées. Fermez le rideau. Plus rien à voir. SOS, un réalisateur ultra-prometteur à terre. Les donneurs de coups, détracteurs de toujours ou adorateurs déçus, s’en donnent à pleine joie. 1, 2, 3 heures de trop ? Rien de tout ça. La mission est simple : venir à la rescousse de cette fantastique fresque.

Montez sur les rails. Au programme, buffets de cocaïne, jets d’alcool, valses de corps et tourbillons de couleurs : c’était l’Hollywood des années 1920. Une zone de non droit. La seule règle : celle de vivre passionnément. La passion qu’il manque aujourd’hui à tant d’auteurs à la réalisation gélatineuse, molle comme un flan.

Dès la première soirée, le ton est donné. Comme la batterie de Whiplash, la caméra tambourine : bam, boum, d’un côté à l’autre de la pièce de manière rutilante. Justin Hurwitz, fidèle serviteur Chazellien, assure avec brio (faut-il le préciser ?) le jazzy DJ SET. Tout le monde est invité, même un éléphant. Les excès s’enchaînent. Margot Robbie émerge, son ardeur l’entraînant dans une danse mouvementée à travers tout le film. Pleurant sur commande, conquérant sans scrupule le cinéma de ces années-là, on se dit que les caméras furent inventées pour elle, même si Diego Calva reste la vedette. L’éclat certes, le talent surtout. C’est ce qu’on appelle de la présence : adios aux acteurs montants, le sommet vient d’être atteint.

La fougue est tempérée par des moments de grâce. Derrière le style clinquant, il y a de la beauté à tous les étages. Brad Pitt déplore le temps d’avant, où le muet était la donne, ça lui manque. Sublime d’élégance, il l’est également de mélancolie. Sa valse sublimement tournée dans les couloirs d’une chambre d’hôtel en est la preuve. 

Babylon, c’est la somme des perversions et perditions de ces années-là. La virtuosité de Chazelle l’entraîne à tout montrer, même si ça lui est reproché. C’est un devoir de reporter, du human interest. Tous les genres sont présents. De la comédie musicale au thriller exaltant, en passant par la romance et le drame historique, le réalisateur de moins de 40 ans surpasse la plupart des films précédents sur un sujet similaire (comme The Artist), tant ces derniers se sont cantonnés à s’embourber dans la joliesse, les confettis et le sucre glace. C’est la richesse du scénario et des personnages. La satire est là. Sa caméra est un bazooka : la photographie de Linus Sandgren éclaire brillamment les côtés sombres de cette histoire, et apporte l’obscurité nécessaire aux moments de célébrations. Tout est savoureux. 

Voilà, comme on l’appelle, l’indéniable « roller-coaster » de cette année. Les montées d’élégance sont contre-balancées par les descentes vulgaires dans les tréfonds d’Hollywood. Prenons-nous cependant un plaisir à y être ? Oui. Fermez le parc. Achetons les tickets. Repartons pour un tour. 

Max Messegué

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