On pourra nous faire valoir que Halloween est passé et qu’il n’est plus la saison de parler d’horreur. Cependant, pour tous ceux qui ont pu voir ne serait-ce qu’un seul volet de la saga Vendredi 13, il serait assez difficile de défendre cette position, tant la série de films baigne dans un humour volontaire (ou trop souvent involontaire).
Avant de commencer, faisons preuve de mauvaise foi et ne mettons pas le premier film de la saga de Cunningham, paru en 1980, dans ce top. Il est clairement le meilleur sur tous les plans de tout ce qui a pu être fait par la suite, il n’y a pas photo. On ne peut que vous inciter à le visionner. Cependant, ici, il est question de ce qui a fait le charme de la saga, ce qui en a découlé de plus drôle et incompréhensible. Bref, voici le classement officiel (au bas mot) d’une des plus grandes sagas “d’horreur” du cinéma.
1 (Ex-aequo) – Vendredi 13 : Chapitre final (1984) / Vendredi 13, chapitre V : Une nouvelle terreur (1985)

On commence ce top par un duo qui n’en est pas vraiment un. À la lecture des titres des deux films, on pourrait imaginer qu’ils ne peuvent qu’être difficilement liés, hormis la présence de notre infatigable Jason ? Et pourtant. Évidemment, on ne trouve pas dans ces deux films une quelconque performance cinématographique. Et d’ailleurs, il faut être clair, comme dans le reste de la saga, la peur étant absente dans l’horreur présentée à l’écran, on cherche autre chose : absurdité du scénario, traitement de Jason, forme des meurtres etc.
Dans le quatrième et cinquième volet de la saga, on apprécie, pour la première et seule fois dans la saga, une continuité scénaristique autour d’un personnage, Tommy. Entre enfance dans le 4 et âge adulte dans le 5, on voit l’évolution du héros, son rapport aux événements sanglants de Crystal Lake et, enfin, le contexte du centre de réinsertion de Pinehurst. Alors bien sûr ne cherchez pas de finesse, mais éprouvez le plaisir de cette bouffée d’air frais dans le chaos scénaristique et le non développement de l’ensemble des personnages de la saga. Rassurez-vous, les meurtres, les plot-twists ou encore les retours de Jason sont largement au niveau des autres films du top.
2 – Vendredi 13, chapitre VI : Jason le mort-vivant (1986)

Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Indépendamment de l’usage approximatif du célèbre adage de Pascal, il est clair que la place du 6e opus Vendredi 13 dans ce classement relève de la malhonnêteté intellectuelle. Néanmoins, le retour de Tommy participe au charme du film. Alors forcément, que deux films d’affilés essayant de construire une narration cohérente autour d’un personnage relève du miracle au vue de la saga, miracle non renouvelé. Tommy est là pour être là et c’est déjà bien. On peut quand même noter qu’avec ce chapitre VI, la saga prend une dimension supérieure dans la bêtise de ces scénarios. Mais comment ne pas éprouver un plaisir coupable lorsqu’on voit Jason revenir zombifié, ranimé par la foudre et le manque de travail des scénaristes ?
3 – Freddy contre Jason (2003)

Il fallait au moins un podium pour la rencontre des titans. Vous en aviez toujours rêvé (oui oui), les producteurs hollywoodiens l’ont fait, Jason affronte Freddy, héros de la saga des griffes de la nuit jouant à domicile (Jason faisant le déplacement de Crystal Lake pour Elm Street). Les deux tueurs sont fatigués, ils ont traversé toutes les années 1980 et 1990, connaissant les pires sévices. Dans cet opus Freddy est oublié, et qui dit oubli dit impuissance du héros qui, le temps de se remettre en selle, fait revenir Jason des morts pour assouvir sa soif de sang. La concurrence va faire rage entre les deux. Ils vont rivaliser d’inventivité dans leur art de prédilection : tuer des adolescents écervelés.
4 – Vendredi 13, chapitre VIII : L’ultime retour (1989)

Le titre français ne rend pas hommage au projet du chapitre VIII. On n’apprécie jamais autant Jason que lorsqu’il voyage et ici notre héros part à la recherche des lumières de la ville : New York City. La subtilité des scénaristes nous fait embarquer avec des lycéens sur un ferry en direction de la grosse pomme, ferry appelé Lazarus (on aimerait encore pouvoir s’étonner). Tout le film pourrait se concentrer sur la question suivante : qui de la ville avec un taux de criminalité record ou de Jason va l’emporter ? On en viendrait presque à prendre partie pour le meurtrier de Crystal Lake, tant les visions de Rennie (personnage principal), nous montrant Jason enfant arrivent à nous attendrir. Alors oui, il est nécessaire de prendre un ticket pour ce voyage et de vous laisser emporter par cette énième série de crimes.
5 – Jason X (2002)

Ce film pose un certain nombre de questions, à commencer par : Pourquoi ? et Merci ? On pourrait facilement lui reprocher qu’il ait voulu pousser la saga trop loin, “allez un de plus, on se marrait bien jusque là”. Et bien c’est un peu ça, il se situe entre la blague un peu trop lourde et l’idée géniale issue d’esprits de producteurs avides de profits. On notera d’ailleurs l’excellente mise en abîme (le terme est le bon) avec le personnage du professeur cherchant à exploiter le cadavre de Jason pour se faire un peu plus d’argent. Mais encore une fois, disons merci aux producteurs. Aujourd’hui Jason part dans l’espace et rien ne semble l’arrêter, pas même le look pseudo futuriste des années 2000 de nos personnages. Et vous, qu’est ce qui va vous empêcher de voir ce chef d’œuvre ?
6 – Vendredi 13 : Jason va en enfer (1993)

On s’interdira de faire tout mauvais jeu de mot sur le titre du film. Non vraiment. On est partagé entre la fatigue et l’émerveillement alors qu’on arrive au neuvième Vendredi 13. C’est peut être à partir de cet opus que toute once de rationalité est délaissée au profit du pur divertissement horrifique. Malgré cela on constate autre chose : Jason était surhumain ? Ici, il devient quasiment biblique. Ce film acte que Jason est habité par le mal, s’érigeant au niveau du mythe. On arrive au bout de ce que pouvait proposer la saga dans ses formes classiques de slasher. Jason est passé dans une autre catégorie, dépassant le simple personnage récurrent d’une mauvaise série de films; sans doute une bonne raison de voir cet opus.
7 – Vendredi 13 : Meurtres en trois dimensions (1982)

Indépendamment du manque d’intérêt global pour le film qui ne se fait que l’écho un peu moins mauvais de son prédécesseur, on peut tout de même relever quelques aspects positifs. En bref, confrontés à l’ennui d’un schéma non renouvelé, on prend quand même plaisir à voir les efforts du réalisateur de filmer des scènes absolument inutiles dans la construction narrative du film. Oui, vous verrez un yo-yo en contre plongé prendre l’intégralité de votre écran pour… faire vivre la 3D pour laquelle le film était destiné. A noter que pour la première fois on constate l’ampleur surhumaine de Jason, il résiste à de nombreux de sévices qui en auraient achevés plus d’un.
8 – Vendredi 13, chapitre VII : Un nouveau défi (1988)

Vous arrivez à faire mouvoir la matière par vos pensées ? Non ? Parce que l’héroïne de ce volet, Tina, elle si. Non, ce n’était pas assez de faire revenir Jason en zombie, il fallait que la télékinésie s’en mêle. On assiste très simplement à Jason le mort vivant mais en moins bien, moins fou, juste moins… Alors oui il arrive encore à nous amuser, mais on se demande tout le long pourquoi on n’a pas simplement lancé un autre opus. La question demeure et la saga se meurt. Longue vie à Jason. Bref, le film n’est pas regrettable mais très largement oubliable.
9 – Vendredi 13 : Le tueur du Vendredi (1981)

Bon. Enfin non, pas bon du tout. Bien que objectivement l’ensemble des films de ce top sont sincèrement oubliables et évitables, on y trouve un certain plaisir dans la folie des scénarios. Dans le deuxième volet de la saga, on reste songeur, le sentiment d’une redite du premier film à un détail près et en moins bien exécuté. De fait les enjeux sont les mêmes, souffrant du même problème que le reboot avec des personnages plus stupides que nécessaire. On peine à voir l’intérêt d’un aussi faible déploiement scénaristique, sans compter le retour d’un effet de manche à la fin du film, utilisé dans le premier Vendredi 13. Bref, il devait clôturer ce top.
Hors classement : Vendredi 13 (2009)

Parfois les reboots sont biens, par exemple: Les Griffes de la nuit (2010) ; parfois ça donne Vendredi 13 (2009). Le choix de le mettre hors classement est motivé par la volonté de ne pas le mettre sur un pied d’égalité avec le reste de la saga. Celle-ci s’arrête sur ce film, et nous laisse plus de 13 ans sans un seul film en compagnie de Jason, et c’est sans doute pour le mieux.
Julien Mauricio