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Ils sont rares les films qui passent le test de Bechdel* haut la main. Alors quand on découvre « Entre les vagues », on ne peut que se réjouir, et pas seulement pour son point de vue 100% féminin et féministe. Focus sur cette pépite passée (presque) inaperçue à sa sortie.

C’est un de ces films qu’on va voir sans en attendre grand-chose et desquels on ressort totalement bouleversé. Au cœur du film, une histoire pour le moins banale : Alma et Margot, deux amies, partagent une passion folle pour le théâtre, elles passent un casting ensemble et se retrouvent embarquées dans une aventure émouvante. Une fois le décor planté, nous voilà emportés avec les protagonistes dans leurs péripéties joyeuses mais aussi tragiques. Jongler habilement avec les émotions des personnages, et par ailleurs celles du spectateur, c’est certainement la grande force du film. Pas question donc de s’y aventurer sans mouchoirs.
Autre aspect remarquable de la réalisation d’Anaïs Volpé : sa perspective. On reproche souvent aux réalisateurs (parfois réalisatrices) une perspective masculine et hétéro centrée, aussi appelée male gaze. Entre les vagues fait exception. Et pour cause, le film a été construit de A à Z par des femmes pour parler d’une histoire de femmes, sans interférence masculine. Et ça fait du bien ! Cette démarche complètement assumée par la réalisatrice n’amoindrit pas la qualité du récit, que du contraire. Elle fait souffler un vent de fraîcheur dans le paysage cinématographique français. Un film dans l’air du temps donc et qui mérite amplement de s’y engouffrer pendant 1h40.
*Test élaboré par la dessinatrice américaine Alison Bechdel et l’actrice Liz Walace afin d’évaluer la représentativité des personnages féminins dans les films. Il consiste à poser 3 questions lors du visionnage : Y a-t-il au moins deux personnages féminins portant des noms ? Ces deux femmes se parlent-elles ? Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu’un personnage masculin ?
En répondant à ces questions, le test permet, la plupart du temps, de mettre en lumière des stéréotypes de genre perpétués dans les productions cinématographiques. Considéré comme un indicateur de sexisme, ce test n’est néanmoins pas un outil infaillible.
Lilou Tourneur