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Munich – Steven Spielberg

Quelque peu anonyme dans la filmographie très prolifique et reconnue de Steven Spielberg, Munich est pourtant un excellent thriller, doublé d’un grand film d’espionnage. Suite à un attentat pendant les Jeux Olympiques, le gouvernement israélien monte une opération de représailles sans précédent, baptisée « Colère de Dieu ». Le film suit alors le périple de cinq espions, emmené par un Eric Bana en très grande forme, dans une mission qui leur réservera bien des surprises. Une mise en scène intimiste et âpre, qui parvient à resserrer le film autour de ses incarnations, sans caricature ni diabolisation.
THX 1138 – Georges Lucas

Difficile de briller face à Star Wars, même si American Graffiti ne s’en sort pas trop mal. Moins connu, THX 1138 est pourtant un excellent film de science-fiction qui renouvelle les codes du genre, à l’origine même de cette SF épurée et sidérante qui fait aujourd’hui le succès de Denis Villeneuve. Georges Lucas a surtout l’intelligence de ne rien sacrifier et parvient à faire émerger une belle émotion autour de ce couple qui s’aime malgré les interdits d’une société qui voit les sentiments comme l’échec de l’humanité. Une esthétique glaçante et chirurgicale au service d’un grand film de SF.
Conversations Nocturnes – Oliver Stone

Ce serait un euphémisme de dire qu’Oliver Stone n’a pas toujours la main légère (Alexandre, Tueurs Nés et autres fantaisies). Le réalisateur mérite pourtant que l’on s’intéresse à l’un de ses films les plus méconnus, Conversations Nocturnes (Talk Radio en VO), l’histoire grinçante d’un animateur radio qui prend un malin plaisir à pousser ses auditeurs à bout, à coup de provocations, de déclarations chocs et d’humour noir. Conversations Nocturnes est à la croisée des genres chers à Oliver Stone, qui avait commencé sa carrière avec des films d’horreur. Un film résolument politique, dont le propose résonne encore parfaitement aujourd’hui, et qui instaure une formidable tension avec un micro et deux fils seulement.
Strange Days – Kathryn Bigelow

Longtemps connue pour être la seule femme à avoir remporté l’Oscar de la meilleure réalisation, injustice réparée depuis, Kathryn Bigelow mérite qu’on s’intéresse à l’intégralité de sa filmographie, qui regorge de films intéressants. Véritable four à sa sortie, Strange Days est pourtant une pépite noire, qui imagine pour le monde un futur parcouru des mêmes problématiques qui irriguent toute l’œuvre de Bigelow, notamment les discriminations raciales. Dans ce film à enquête passionnant, la réalisatrice dresse un portrait peu flatteur de l’espèce humaine et signe un thriller palpitant.
A Simple Plan – Sam Raimi

Plus connu pour ses films d’horreur tels qu’Evil Dead ou Jusqu’en enfer (et son Doctor Strange récemment), Sam Raimi s’est pourtant aventuré sur bien d’autres terrains au cours de sa prolifique carrière. Parmi ses infidélités au genre horrifique, A Simple Plan est sans doute la plus réussie du réalisateur. Une sorte de Fargo à la sauce Raimi, porté par un trio d’acteurs incroyables. L’histoire de deux frères qui trouvent par hasard un magot perdu et qui mettent au point un plan très simple pour en disposer, mélange parfait de thriller et de comédie comme seul le cinéaste en a le secret.
Une histoire vraie – David Lynch

Grand oublié de la filmographie légendaire de David Lynch, Une histoire vraie en est pourtant l’un des morceaux les plus intéressants, puisque le plus intime. Le film raconte le trajet d’Alvin à travers les États-Unis pour retrouver son frère à qui il n’a pas parlé depuis dix ans et qui vient de faire une attaque. Dans un long-métrage qui renie toutes les lois de la narration, Lynch dresse un portrait bouleversant de l’Amérique profonde, en digne héritier de John Ford que personne n’attendait. Une oeuvre sublime, toute en pudeur, qui met en scène un duo d’acteurs formidable.
Bug – William Friedkin

Avant-dernier film de Friedkin, éclipsé par le reste de son impressionnante filmographie (L’Exorciste, French Connection), Bug est pourtant une preuve de vitalité sans concession de la part de son auteur. L’histoire d’une descente aux enfers en duo entre Michael Shannon et Ashley Judd, tous deux persuadés d’être parasités par des insectes. Une parabole sur la paranoïa ouverte à de nombreuses interprétations, qui ne fait aucune concession et nous entraîne dans une spirale de destruction irréversible. Bug est sans aucun doute l’un des meilleurs films de William Friedkin.
Un ange à ma table – Jane Campion

Deuxième film de Jane Campion, avant le carton de La Leçon de Piano, Un Ange à ma table dressait déjà le portrait des obsessions de la cinéaste néo-zélandaise, à travers ce presque biopic de l’écrivaine Janet Frame. Un sublime portrait de femme qui échappa de peu à la lobotomie suite à une dépression et une tentative de suicide. Campion y exerce déjà sa caméra affûtée pour filmer celle qui passera sa vie à lutter contre la dépression avant de découvrir l’amour de milliers d’inconnus.
One from the Heart – Francis Ford Coppola

Le film n’est pas totalement inconnu puisqu’il est en effet celui qui ruina la boîte de production de Coppola. One from the Heart est véritable caprice de cinéaste qui avait jusque là toujours transformé l’essai malgré les difficultés (Apocalypse Now ou Le Parrain). Coup de coeur sera finalement la banqueroute de Coppola, qui y laissera son studio. Pourtant, le film, qui raconte les errances amoureuses d’un couple en perdition, est un drame sublime, hanté par la vision mégalo de son créateur, magnifique mais trop ambitieux.
Pi – Darren Aronofsky

Premier film d’un réalisateur inégal, capable du meilleur (Black Swan) comme du pire (Noé), Pi est un thriller atypique, l’histoire d’un mathématicien de génie sur le point de découvrir le code caché derrière les flux de change de la Bourse. Un grand film paranoïaque, annonciateur de la passion d’Aronofsky pour les coups de folie et les esprits dérangés. Avec peu de moyens, le cinéaste réussi un film expérimental ramassé et parfaitement exécuté.
Mathias Chouvier
Very good movie
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